DIVERSION AU MUCEM

EXTRAIT

 

Le commandant de gendarmerie, Swann Werner se leva de très mauvaise humeur en ce matin du 10 septembre 2026. La nuit avait à peine débutée lorsque le téléphone sonna. Une demi-heure plus tard, enfin sur les lieux, Werner chercha un interlocuteur, tomba sur Alessandro, il se présenta en tant que chef de la sécurité.

–  C’est bien vous qui avez appelé ? Commandant Werner, voici ma carte !

– Exact, venez voir…

– Attendez, vous n’avez pas une cafetière dans le coin ? Sans café je suis inefficace ! Comme ça vous allez pouvoir me raconter tout ça dans l’ordre.

– Si, si bien sûr, venez par ici…

Tout d’abord, surpris de voir une femme enquêtrice se présenter à lui, il l’emmena au sous-sol du bâtiment J4. Pendant ce temps, une unité de gendarmerie gelait les lieux avec du rubalise jaune et noir indiqué “scène de crime, ne pas franchir”.

– Sucre ?

– Oui, un ! Merci.

– Tenez !

Werner, tout en touillant son expresso, le dévisageait et se faisait ses premières impressions, l’homme était en sueur, le crane rasé, une barbe de trois jours, la cinquantaine, les yeux foncés et un visage avenant malgré sa musculature imposante. Un bon accent marseillais permettait de savoir qu’il était du coin.

– Cela fait longtemps que vous travaillez ici ?

– Depuis l’ouverture en 2013, et je savais que ce n’était pas une bonne idée…

– Ah bon et pourquoi ? Demanda Werner en sirotant son café.

– Et bien, le lieu est trop vaste malgré tout le système de surveillance dernier cri, pour maintenir une sécurité optimale, on manque d’effectifs mais je n’ai pas eu le choix.

– Est-ce à dire que vous avez subi des pressions ?

– De part ma hiérarchie, oui.

– Bon allons-y ! Merci pour le café il était parfait.

Alessandro invita le commandant Werner à bord de la modeste fusée qu’était l’ascenseur du J4. La scène se déroulait au niveau zéro. Déjà les OPJ, auscultaient chaque recoin dans l’espoir de trouver des indices susceptibles de les conduire à tirer un fil exploitable.

– Ils ne trouveront rien, indiqua Alessandro à Werner.

– Comment pouvez-vous en être certain ?

– Parce-que rien n’a été dérobé.

– Mais alors que faisons-nous ici ?

– Constater, juste constater pour me protéger ainsi que mon job !

Werner l’arrêta dans sa marche en lui prenant la manche de son uniforme, elle le fit pivoter face à elle et plongea ses yeux dans les siens. Malgré la noirceur de son regard, elle fut surprise d’y déceler un mélange de sincérité mélangé à de la peur physique. Elle comprit cela à ses pupilles exagérément dilatées.

– Mr Samoni, je pense que vous ne m’avez pas tout dit.

– En effet, voyez la salle devant nous, vous qui avez un œil exercé, que trouvez-vous d’anormal de manière générale ?

La policière regarda attentivement partout du sol au plafond sans rien déceler de particulier. Elle s’attarda sur chaque objet présenté, le contournant en tous sens, inspecta les murs, les sols et l’environnement global sans rien voir de suspect.

– Je regrette Mr Samoni, mais je ne vois rien qui peut nous engager à poursuivre une enquête, rien n’a été volé il n’y a aucune trace d’effraction.

– Donc vous êtes d’accord que personne n’est venu ici hormis le personnel de sécurité ?

– Absolument, il n’y a rien de suspect.

– Bien maintenant suivez-moi jusqu’au poste de sécurité.

– Si cela vous chante, allons-y.

À son tour il la tira énergiquement par la manche de son uniforme et pressa le pas, en lui demandant :

– Une petite question, avez-vous un expert en informatique sous le coude ?

– Non désolé, pas cette nuit.

– Alors je vais tenter de vous expliquer en langage humain.

– Mais à quoi riment toutes ses cachotteries, expliquez-moi à la fin ! Ils arrivèrent au sous-sol.

– J’y viens, voilà prenez ce fauteuil et regardez cet écran, cela montre la camera N°19 située dans l’angle de la salle en question, celle que nous venons de visiter… Le time-code en bas de l’écran indique l’heure de capture au millième de seconde près. Ok pour vous jusqu’à présent ?

– Oui, ce n’est pas sorcier.